Caractéristiques épidémiologiques des cas de paludisme diagnostiqués au CHU La Rabta de Tunis

Résumé

Introduction: Depuis le dernier cas autochtone en 1979, il n’a pas été rapporté de transmission active de paludisme en Tunisie. Cependant, les cas importés de paludisme semblent augmenter ces dernières années. Notre objectif était de décrire les cas de paludisme importé diagnostiqués à l’Hôpital La Rabta durant une période de 4 ans (2015 à 2018) et d’évaluer l’adhérence des voyageurs tunisiens à la prophylaxie antipaludique. Méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive des cas de paludisme diagnostiqués au Laboratoire de Parasitologie-Mycologie de l’Hôpital La Rabta durant 4 ans (2015-2018). La collecte de données était basée sur la fiche d’information des patients. En plus des données démographiques, nous avons collecté les variables concernant les antécédents de voyage, les mesures de prophylaxie et les symptômes cliniques. Tous les patients ont été testés par goutte épaisse, frottis sanguin et test de diagnostic rapide. Résultats : Au total, 339 patients ont consulté au laboratoire pour suspicion de paludisme, dont 124 cas étaient positifs (36.6% [31.9-41.6]). Plasmodium falciparum était l’espèce la plus fréquemment identifiée (81,5%). Les taux de positivité les plus élevés ont été notés en 2017 (p=0.003). La majorité des cas positifs étaient de sexe masculin (83% ; p=0,001) et âgés de 15 à 45 ans (76.4%). Les cas positifs étaient tunisiens dans 54% des cas. Tous les cas diagnostiqués étaient originaires ou ont voyagé en Afrique sub-saharienne à l’exception d’un cas de paludisme post-transfusionnel. Chez les Tunisiens ayant eu un paludisme d’importation, la consultation pré-voyage, la chimioprophylaxie et la prophylaxie antivectorielle ont été notées dans 25.7%, 22.7% et 42.4% des cas respectivement. Conclusion : Notre étude a montré que les cas de paludisme importés en Tunisie n’étaient pas négligeables et même en augmentation. Nos résultats ont aussi permis d’avoir une meilleure compréhension et une idée globale sur la situation actuelle. Cette étape est essentielle pour cibler les actions de prévention et de lutte dans le but d’éviter la réintroduction du paludisme en Tunisie.